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NOTE SUR M. DESCARTES 183

conjointes avec la patience. Le chrétien est dévoré d'une sourde révolte, d'une mauvaise volonté de rural, d'une rébellion sournoise de paysan. Il est le paysan qui regarde la grêle ravager sa récolte et lui hacher son blé. Il veut bien regarder. Il veut bien que la grêle tombe. (Surtout parce qu'il ne peut pas faire autrement). L'année prochaine il ressèmera du blé. Quand même il y aurait de la grêle tous les ans, il ressèmera du blé toutes les années prochaines, toutes les années suivantes. Seulement il ne veut pas être content :

Nous sommes ces soldats qui marchaient par le monde Et qui grognaient toujours mais n'ont jamais plié.

Au fond il est permis de se demander si cette constante révolte, si cette sournoise rébeUion paysanne n'est pas plus dans l'ordre chrétien qu'une certaine catégorie de la patience. Combien de patiences ne sont que des moyens de ne pas souffrir, patientiae non patiendi. Les patiences de souffrir, patientiae patiendi, les patiences combattives, les patiences débattues, ies patiences querellées ne sont-elles pas, n'entrent-elles pas infiniment plus profond dans l'ordre chrétien que tant de patiences qui ne sont peut-être qu'anesthésiques et que sans doute il faut ranger dans la catégorie de la paresse.

Je ne dis pas cela pour les patiences juives. Elles sont tout autres. Elles sont trop à base d'inquiétude, elles sont trop liées à l'inquiétude pour entrer jamais dans la caté- gorie de la paresse. D'ailleurs les Juifs n'entrent jamais dans la catégorie du péché. S'ils entraient dans la catégorie du péché, ils ne seraient pas juifs, ils seraient

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