Page:NRF 13.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l88 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

retenir et d'examiner quelques conséquences de ce classement. Elles me paraissent infinies. Nul peut-être ne peut le sentir autant que moi. Quand je suis en pré- sence de Pécaut, je suis en présence d'un homme qui lit depuis Calvin. Quand je suis en présence de M. Benda, je suis en présence d'un homme qui lit depuis toujours. Quand je suis en présence de moi, je suis en présence d'un homme qui lit depuis ma mère et moi.

Quand je suis en présence de Pécaut je suis en présence d'un homme qui lit depuis le seizième siècle. Quand je suis en présence de M. Benda, (et peut-être de Bergson), je suis en présence d'un homme qui lit depuis les siècles des siècles. Quand je suis en présence de moi, je suis en présence d'un homme qui lit depuis 1880 (Voir l'argent, l'argent suite et surtout voir le cahier de M. Naudy).

Ou si l'on veut le Juif est lettré depuis toujours, le protestant depuis Calvin, le cathoHque depuis Ferry.

Ou si l'on veut le Juif est alphabet depuis toujours, le protestant depuis Calvin, le catholique depuis Ferry.

Ce que voyant le catholique fait un retour sur lui-même- De quelque côté qu'il remonte il est inalphabet à la deuxième génération. Ni ceux du Bourbonnais, ni ceux peut-être de la Marche, ni ceux du Val de Loire et des premiers coteaux de la Forêt d'Orléans, aucun de ses grands-pères, aucune de ses grand 'mères ne savait hre ni écrire. Et ils ne comptaient que de tête. (C'est dire qu'ils comptaient mieux que vous et moi). Le catholique, le français, le paysan se retourne vers sa race et de quelque côté qu'il remonte il se heurte, aussitôt après son père, aussitôt après sa mère, à ce quadruple front d'illettrés. Ni son grand-père, ni sa grand 'mère paternelle ; ni son

�� �