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DIALOGUES DES OMBRES PENDANT LE COMBAT 215

SciPiON. — Assez ! j'ai appris la patience, bien qu'elle ne me fût pas naturelle. Mais parce que je me délecte d'un melon particulièrement doux, faut-il que je m'inté- resse au jardinier et supporte ses commérages ? Tais-toi et me laisse en paix contempler ce grand spectacle.

TÉRENCE. — Je ne dirai plus rien, puisque ma gratitude même ne parvient qu'à vous offenser. Regardez tout ce groupe qui a bondi d'un seul coup dans la mort, des enfants presque...

SciPiON. — Et qui vont rentrer dans l'obscurité, comme Scipion et Sylla, c'est bien ce que tu veux dire ? dans les ténèbres où l'on trouve les fidèles compagnons et où s'en va toute grandeur qui n'est pas bavarde? Allons, Grec, tu t'oublies. Je t'ai dit d'évaluer le nombre de ceux qui tombent. Tiens-toi là et compte. Mon cœur se serre à la vue d'une bataille aussi disputée.

��II

Arnauld, Racine.

Arnauld. — Ils ont pris Fismes et menacent Reims. Le pays tout entier monte en fumée !

Racine. — Mon Dieu, que vos colères sont terrifiantes ! « Ils ont pris Fismes », dites-vous ? J'entends vos paroles et n'ose les comprendre. Ils ont pris et détruit la ville ?

Arnauld. — Ah! cœur trop passionné, que le chagrin saisit avec l'impétuosité de la tempête ! Les lieux que vous aimiez ne sont pas encore en péril.

Racine. — Hélas! ce n'est pas pour ces Ueux que je me désole. Les maisons devenues la proie du feu, on pourra

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