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392 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Nous sommes une race. Et ils sont une certaine autre race. Nous sommes hommes. (Nous sonlmes pécheurs). Nous ne sommes pas toujours de bons maîtres. Nous sommes toujours de mauvais dominateurs.

Nous qui subissons tous les despotes, surtout quand ils sont populaires, nous sommes, de race, des hommes de liberté. C'est un bien unique, uniquement précieux. Les Allemands, qui ont été des siècles sans fonder leur empire, et qu* ne l'ont refondé que sur nos ruines, et il y a qua- rante-quatre ans, sont, de race, et ont toujours été, des hommes d'empire.. Le saint empire romain germanique.

Et c'est encore pour cela qu'aucune véritable philo- sophie de la liberté ni même aucune véritable pensée de liberté n'a jamais pu naître en Allemagne. Ce qu'ils nomment liberté c'est ce que nous nommons une bonne servitude. Comme ce qu'ils nomment sociaHste c'est ce que nous nommons un pâle centre gauche. |

Et ce qu'ils nomment révolutionnaire c'est ce que nous nommons par ici un bon conservateur.

Et c'est encore pour cela qu'une philosophie comme la philosophie bergsonienne, essentiellement libérale et libertaire, et non pas seulement par système mais de cœur et de race, ne pouvait naître qu'en français et en terre et en culture françaises. La liberté française pouvait seule avoir un cas, qui serait la hberté bergsonienne. Et c'est aussi pour cela qu'elle est tout ce qu'il y a de plus opposé à la pensée allemande. (Je dis la pensée bergsonienne et la liberté bergsonienne).

Quand on voit l'immense appareil de l'empire, on croit que l'univers en sera écrasé. Quelle sottise que de se battre autrement que pour gagner. Et comme celui qui se mesure

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