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400 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

aussi et l'honneur ensemble est un plaisir. Ou plutôt l'amour est un plaisir et l'honneur ensemble est le même amour et le même plaisir. Ils aiment tout, dans leur jeunesse, ils aiment tout d'amour, et l'honneur plus que tout. Et ils honorent tout, d'honneur, et l'amour plus que tout. Le long et lent balancement élégiaque de ce que je nommerai les demi-stances du Cid, c'est-à-dire de cet admirable dialogue, de cet admirable couplet alterné entre Chimène et Rodrigue, le seul morceau peut-être dans toute la poétique moderne qui nous rende un écho de la pureté antique, qui nous revaille, qui ait reporté jusque dans le monde moderne les alternements de certains demi- chœurs de la tragédie antique et de certains demi-dia- logues entre le personnage et le chorège et le chœur et un ou les deux demi-chœurs, cet admirable et parfait balancement des demi-stances, (et il vaudrait peut-être mieux dire des doubles stan es), plus profond encore et plus pur et moins peut-être appareillé que celui des stances n'est point ce balancement forcément un peu méca- nique du devoir à la passion, et un peu extérieur. Ce n'est point un balancement articulé du même à l'autre, ou plutôt de l'autre à l'autre, forcément un peu brutal et un peu apparent. C'est un balancement secret, douloureux, béni, malheureux, heureux, un retour et un retour, un balancement silencieux du même au même, de cet honneur et amour nommé honneur, à cet amour et honneur nommé amour.

Nous n'avons qu'un honneur. Il est tant de maîtresses,

dit le vieux don Diègue. Mais l'idée de Rodrigue, et l'idée cornélienne, leur système d'être et leur système de pensée.

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