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LA MESSE LA-BAS 33

la plume à la main, je transforme les sacs de sucre et de café en milrcis et que je dépouille la Bible,

Je lève de temps en temps la tête et j'écoute, et dans les palmes j'entends le même souffle irrésistible,

Celui, le même, qui jadis précéda le sommeil de l'Auteur du genre humain dans le Paradis,

Avant qu'Eve lui fût tirée du flanc, sous les ombrages de l'Arbre de la Vie.

Pendant que je dors, ou que je marche, ou que j'écris, la Mer ne cesse pas d'être à mon côté.

Et je ne puis rejoindre la Patrie là-bas de nouveau sans que j'aie à la traverser ;

Là où la terre n'existe plus, là d'où vient ce mouve- ment sur la forêt.

D'une rive du monde jusqu'à l'autre il n'y a de chemin pour moi qu'à travers la Paix,

Cette Paix que le vent sans jamais en émouvoir la source ne cesse d'interroger avec mystère ou avec furie !

Sur les choses qu'il a créées ne cesse pas l'interroga- tion de l'Esprit.

La mer des hommes et des feuilles, il ne cesse de la brasser et de la remuer, la mer des peuples et des eaux !

C'est de lui qu'il est écrit : J'ai cherché en totUes choses le repos.

Et pourtant, ce souffle impatient du monde il y a quelqu'un qui a su l'emprisonner.

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