NOTES 455
qui méritent moins d'être lus. Lisez Péguy, non pas seulement pour atteindre aux pages d'un art achevé où l'émotion paierait toute patience ; mais pour écouter comme il faut cette voix, l'une des plus pures, des plus chaudes et des plus graves qu'aujourd'hui l'on puisse entendre, alors qu'on ' cherche sa route aux premiers carrefours de la vie, »
MICHEL ARNAULD
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LA FORÊT DES CIPPES, essais de critique par Pierre Gilbert, recueillis et publiés par Eugène Marsan (Champion éditeur, 2 volumes).
Après une retraite de quatre ans au front, plus féconde pour moi que vingt ans de paix dans le siècle, me voici de nouveau à ma table, mais tout changé, devant un livre dont il s'agit de rendre compte. Quel embarras ! — Le critique est-il mort en moi ? a-t-il désappris son métier ? Il n'a pres- que rien lu depuis l'été de 19 14 en fait d'ouvrages propre- ment littéraires ; à peu près exclusivement des livres de mystique, de théologie et de politique... Va-t-il retrouver le contact ? — Il y a cependant une place à prendre aujour- d'hui, même dans une revue de littérature, une place^qu'ici — croit-il — ne lui disputera personne, la seule qu'il puisse occuper s'il prétend appliquer ses nouveaux principes rigoureusement. Doit-il déjà dire laquelle ? — Non, il préfère différer encore une profession de foi nuancée et complexe « sur le rôle profond de la parole écrite ». Il se contentera aujourd'hui d'avouer, pour ne pas prendre le lecteur en traître, que la notion de l'art à laquelle il garde son culte n'est plus pour lui absolument incompatible avec la notion de l'utilité : il a appris et refuse de désap- prendre que le mot est pensée, que la pensée est action. Sa tâche, déjà lourde et délicate hier, se compliquera désor- mais de responsabilités si nouvelles qu'il attendra de s'être vu lui-même à l'œuvre, pour l'assumer publiquement.
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