Page:NRF 13.djvu/467

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 459

COLAS BREUGNON, par Romain Rolland (Ollendorfî) ..

La curiosité des lecteurs de M. Romain Rolland, en ouviânt Colas Breugnon, a été déçue. On attendait avec impa- tience ce que M. Romain Rolland a dû écrire ces cinq années. C'est partie remise, car Colas Breugnon était entièrement imprimé dès 19 14 et la publication en avait été différée pendant la guerre. Mais, même paru en 1914, la déception ne nous eût pas été épargnée.

M. Rolland a écrit Colas Breugnon, comme le chat botté, une fois haut placé, courut après les souris, pour se divertir. Son œuvre « est une réaction contre la contrainte de dix années dans l'armure de Jean-Christophe, qui, d'abord faite à ma. mesure, avait fini par me devenir trop étroite. J'ai senti un besoin invincible de libre gaieté gauloise, oui, jusqu'à l'irrévérence ». C'est fort naturel. M. Rolland n'a pas porté si longtemps sans impatience la chaîne qui le liait à Jean-Christophe : la détente après cette longue déca- logie a engendré une sorte de drame satyrique, né ici de conditions analogues à celles qui ont fait écrire le Protée de Claudel. Et, aussi, détente française contre l'emprise étran- gère du musicien germanique : Colas est un Nivernais du temps de Louis XIII qui raconte son histoire en un langage lyrique et goguenard, bousculé et touffu. M. Rolland a rédigé cela à l'occasion d'un retour au sol natal, qu'il n'avait pas revu depuis sa jeunesse. Il en avait perdu l'habitude et comme la patrie est une habitude, tout cet inhabituel lui est sauté au visage, avec intempérance, désordre et tumulte, il s'est mis à danser dans ses habits nouveaux et ses sabots avec une formidable ébriété. Il lui reste d'ailleurs un scrupule: « Je n'ose croire que la compagnie de mon Colas Breugnon divertira autant les lecteurs que l'auteur. »

Non. Elle ne les divertira pas autant. Colas Breugnon ne se lit pas avec agrément. C'est un de ces livres (il y en a

�� �