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RÉFLEXIONS SUR L'ALLEMAGNE 4I

ordination. Les éléments désordonnés, plus nombreux ils sont, plus confuse et plus vulnérable est la masse.

Nous nous sommes blousés avec l'informité de l'Alle- magne. Parce qu'en France tout ce qui vit prend aussi- tôt contour, l'absence de profil des masses d'outre-Rhin, nous a fait croire à de l'incohésion. L'absence de forme propre permettait à cette matière allemande élastique d'être versée dans tous les trous. En temps de paix déjà nous avions vu comme elle pénétrait les spongieux pays d'alentour. Précisément elle doit, l'Allemagne, à son défaut de contours, sa force d'expansion prodigieuse. Elle est de la famille des ficus et comparable au banian sans tronc principal, sans définition, sans axe, mais dont la moindre ramille (et même détachée du tronc) pousse au plus vite, où que ce soit, en haut des bras, en bas des racines, et vit, croît, prospère, s'élargit et devient à son tour forêt. L'Allemagne se passe des théories de Barrés ; elle s'en rit. J'ai toujours dit qu'il était bien fâcheux que Barrés ait contre lui la botanique.

�� ��Jacques Rivière, lorsque je vais le voir en Suisse, où il achève son temps de captivité, me parle, à propos du livre qu'il se propose d'écrire, de l'extraordinaire vo- lonté allemande... Il me semble que c'est déprécier quelque peu ce mot : volonté, et que ténacité suffirait. Je sais bien que les exemples qu'il me donne tendent à prouver sur- tout que l'Allemand se donne a à volonté » les sentiments qu'il estime opportun d'avoir. Mais pour le reste, je veux dire : cette obstination de bœuf qui lui permet de venir

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