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CONSIDÉRATIONS SUR LA MYTHOLOGIE GRECQUE 487

c'est le « fil à la patte » et Thésée le trouve aussitôt un peu court ; il se sent tiré trop en arrière tandis que le voici qui s'avance avec horreur et ravissement dans l'inconnu repli de sa destinée. Et sans doute, il y a là le sujet d'une opérette... Ah ! je voudrais savoir s'il songeait à Phèdre, déjà ? Si quittant la cour de Minos, il enleva les deux sœurs à la fois ?

��II

��Sans doute est-il possible et plaisant de reconnaître, dans les écuries d'Augias un ciel encombré de nuées, que nettoie un Hercule solaire. Il suffit pour que cela soit grec, que cela ne soit point irrationnel. Mais combien il m'importe davantage de considérer ceci, par exemple :

Qu'Hercule, de tous les demi-dieux, est le seul héros moral de l'antiquité, et qui, devant que de commencer sa carrière, se trouve un instant hésiter entre « le vice et la vertu » ; le seul héros perplexe et que la statuaire, à cause de cela, nous présentera comme un héros mélanco- Hque ; et de nous souvenir alors que, en effet, il est l'unique enfant de Jupiter dont la naissance ne soit point le résultat d'un triomphe de l'instinct sur la décence et sur les mœurs; et que le dieu pour posséder la vertueuse Alcmène, dut prendre l'aspect du mari. Si sans doute la théorie des lois de l'hérédité est de formation plus récente que le mythe lui-même, j'admire d'autant plus que le mythe puisse nous présenter cette exemplaire signification...

ANDRÉ GIDE

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