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��PREMIÈRE VISITE AU LOUVRE

��Le Louvre a ouvert enfin ses portes ou plutôt les a entre-bdllées. Nous attendions ce moment avec une grande impatience. Ceux-là mêmes parmi nous qui, en temps normal, fussent restés plusieurs années sans entrer dans un musée, sentaient obscurément la nécessité de revoir, ne fût-ce qu'une fois, les œuvres dont ils furent par force privés. Il nous semblait à tous indispensable de nous faire une décisive opinion sur nos maîtres et en même temps de nous situer, nous autres naufragés dans l'Océan tourmenté de la peinture. Cette nécessité de procéder à une espèce d'inventaire d'idéal et de moyens réunit, pendant quelques jours, les artistes de tendances les plus opposées, dont la plupart, hélas, trahissaient par leur attitude et leurs propos, le désarroi profond de leur esprit.

A travers l'imprécision des aveux, un sentiment una- nime cependant se dégageait ; une constatation générale s'affirmait, celle de la dérivation formidable subie par notre vaisseau. Quel courant mystérieux l'avait donc ainsi poussé hors du port, quel vent puissant l'avait déradé ? Explorer les régions inconnues où nous fûmes insensi- blement emmenés, faire le point et trouver le plus court chemin pour rejoindre, par des mers jamais parcourues, un port traditionnel, voilà, j'imagine, la résolution que

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