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LE PÈRE HUMILIÉ 539

PENSÉE. — L'important n'est pas de qui nous sommes nés, mais pour qui.

SICHEL. — Tu le sais ?

PENSÉE. — Oui, mère, je le sais aujourd'hui.

SICHEL. — Et comment voudrait-il d'une aveugle et d'une Juive?

PENSÉE. — Tu as donc deviné qui est cette personne ?

SICHEL, ambiguë et tout bas. — Orso de Homodarmes.

PENSÉE. — Je ne sais qui est cet Orso.

SICHEL. — Celui qui te parlait tout à l'heure.

PENSÉE. — Je ne sais. Je ne l'écoutais pas.

SICHEL. — Mais lui te regardait.

PENSÉE. — Oui. Que m'importe.

SICHEL. — Mais ce n'est pas Orso que je voulais dire. Où avais-je la tête ? C'est son frère, celui que nous sommes allées voir l'autre jour. Comment l'appelle-t-on ? Un nom étrange.

Orian de Homodarmes.

PENSÉE, lui mettant la main sur la bouche. — Non, ce n'est pas lui !

SICHEL. — Ah ! mon enfant, tu ne peux rien me cacher.

PENSÉE. — Non, ce n'est pas lui !

SICHEL. — Je le savais avant toi. Ce jour où nous sommes allées le voir dans sa maison, ce vieux petit palais que tu aimes tant et que tu nous as forcés à acheter.

Ce jour-là même, j'ai reçu un avertissement.

PENSÉE. — Mais je ne l'aimais pas alors et l'avais à peine remarqué.

SICHEL. — Ah ! c'est moi qui t'ai faite, et je sais tout d'avance !

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