LE PÈRE HUMILIÉ 549
ORSO, lui prenant la main et V emmenant à Pensée. — Voyez, mademoiselle, je vous prie. Regardez, vous qui aimez les belles pierres.
PENSÉE, comme si elle regardait, touchant légèrement la pierre. — C'est un saphir, je crois ?
SICHEL. — Un très beau saphir.
PENSÉE. — Tout entouré de brillants. De ces vieux brillants carrés qui ne bougent plus et dont le temps a fixé l'éclat.
SICHEL. — Une belle bague de fiançailles.
ORIAN. — C'est elle qui me conduit ce soir.
PENSÉE. — Croyez-vous qu'il n'y a que les pierres qui aient des yeux pour voir au travers de l'obscurité ?
ORIAN. — Les miens n'y sufîisent pas.
PENSÉE. — Prince, ai- je beaucoup fréquenté votre jardin ?
LE PRINCE. — Une fois ! une fois seulement et je n'étais pas là !
Une fois seulement vous m'avez fait l'honneur de visiter ma pauvre maison.
PENSÉE. — Chevalier, gageons-nous que les yeux fermés, je vous fais faire le tour du jardin et vous ramène ici ?
SICHEL. -^ Pensée, mon enfant !
PENSÉE. — Laisse, mère !
Je ferme les yeux. — Ainsi ! — Votre main. — Cachons
bien cette pierre qui voit clair. — Venez, monsieur le
Jardinier !
Ils sortent.
COUFONTAINE. — Pourvu qu'ils ne parlent pas poli- tique I
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