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Page:NRF 13.djvu/577

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LE PÈRE HUMILIÉ 569

ORIAN. — Demain, je serai seul ici et j'entendrai dans la nuit cette même palme derrière moi frémir.

PENSÉE. — Et est-ce qu'elle ne parle pas de souffrance?

ORIAN. — Elle parie de triomphe !

PENSÉE. — Et sera-ce un triomphe bien cher à votre cœur, Orian,

Que celui qu'il vous est offert de remporter

Au détriment du mien ?

ORIAN. — Paroles amères à écouter ! Je les entends donc de vous à la fin ! Oui, je les aurai une fois entendues !

Vous êtes faite pour l'amour. Pensée, et l'amour n'est pas fait pour moi.

PENSÉE. — Et pourquoi voudrais- je de cet amour dont vous ne voulez pas ?

ORIAN. — Le bien que je ne puis pas vous faire, un autre, — ce que je ne puis pas vous dire,

Un autre vous le dira à ma place.

PENSÉE. — C'est Orso, votre frère, dont vous voulez parler ?

ORIAN. — Que vous donnerais-je. Pensée, qui me soit plus cher ? et que lui donnerais-je...

PENSÉE. — Oui, que lui donneriez- vous, à cet heureux frère,

De meilleur que ceci dont vous ne voulez pas ?

ORIAN. — Si vous m'étiez indifférente. Pensée,

Je n'aurais pas accepté si aisément de vous parler de lui.

PENSÉE. — Dites-lui de ne pas épouser une Juive !

Est-ce lui qui viendra à bout de ces ténèbres avec moi. Imprudent ! Ce que vous avez rallumé en lui, qui sait si je ne suis pas là pour l'éteindre ?

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