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572 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Et qui est notre droit par le fait d'un autre.

PENSÉE. — Qu'est-ce que la joie ?

ORIAN. -r- Ce que je puis dire est qu'elle ne commence pas et qu'elle n'a aucune fin.

PENSÉE. — Et pourquoi penser que je suis votre ennemie et que je vous veux aucun mal ?

ORIAN. — Vous n'êtes pas mon ennemie, Pensée.

PENSÉE. — C'est vrai que vous n'êtes pas mon ennemi ? Ah, que j'entende seulement un mot de vous, avec douceur et vous n'aurez plus besoin d'obstacle pour le placer entre nous !

Je sais que là où vous êtes, il n'y a aucune place pour moi.

ORIAN. — Pourquoi n'y en aurait-il aucune ?

PENSÉE. — Qui me conduira où vous êtes ? Qui me donnera ce que vous me refusez ?

ORIAN. — Et que nous soyons heureux l'un par l'autre ici-bas. Pensée, est-ce là le plus grand des biens ?

PENSÉE. — Il n'y a de bien pour moi que celui que je tiens de vous.

ORIAN. — Et n'est-ce pas de moi déjà que vous tenez cette souffrance ?

PENSÉE. — Vous-même, n'en tenez-vous de moi, aucune? Ah! dis ce que tu veux, je sais qu'il y a en vous vme chose qui m'appartient et qui est mon droit !

Une chose qui est à moi seule, une chose qui est pour moi seule.

Une parole qui est à moi seule et que nulle autre ne peut entendre !

ORIAN. — Qu'attendez-vous donc de moi. Pensée !

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