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passion, parce que c’est déjà une chose de l’histoire de la littérature et des idées.

A la vérité, il y eut d’abord, voici une douzaine d’années, un autre mouvement qui précéda ces retours, un mouvement beaucoup plus général et plus décisif. Par suite de diverses circonstances, qu’il sera intéressant d’étudier un jour, la littérature française s’était jetée à la découverte de l’art étranger. Toute l’Europe, cette fois, y passait. Or, à un certain moment, on se trouva comme à la fin d’une opération d’inventaire. On quitta en quelque sorte la voie étrangère pour reprendre naturellement la voie française, et ce fut un grand mouvement de reprise qui reste inscrit dans bien des faits. Mais c’est à ce moment que la génération commença de se diviser, les uns persistant sur la route française à aller de l’avant et les autres se précipitant dans les directions de tous les retours possibles vers le passé.

En littérature, une question résumait toutes les autres : celle du classicisme ou dernière et parfaite expression des œuvres. On y voyait avec raison la marque du génie français, la qualité de notre haute vertu nationale. Après les égarements du Romantisme, du Symbolisme, et même d’un certain Naturalisme, on voulait en revenir à ce qu’il y a de plus excellent en nous et par quoi nous avions déjà montré une extrême supériorité.

Or, n’ont-ils pas cédé trop vite à un trop simple raisonne- ment ceux qui, pour réaliser un nouveau classicisme, se sont précipités à la recherche des mêmes matériaux qui avaient déjà servi à constituer l’autre, celui du xvii^ siècle ? Car voilà bien le sens de tous les retours dont il est question dans le livre de M. Alphonse Mortier. Ils s’empressent à recommencer ce qui a déjà été fait. Le conseil en est donné par les maîtres du nationalisme littéraire, les Barrés et les Bourget. Allant plus loin encore, M. Charles Maurras soutenait cette théorie qu’un classicisme ne pouvait reparaître sans une