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632 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

OU douteuses n'ont-ils pas sacrifié de précieuses richesses ? S'il est entendu que le classicisme a pour principal carac- tère d'être universel et d'assumer le plus possible d'humanité, comment peut-on espérer réussir un classicisme actuel en rejetant les apports les plus récents et les plus nouveaux de l'homme et de la vie et en se détournant des conditions du monde présent. Pense-t-on d'ailleurs, que la connaissance de la moitié de l'-Europe seulement, comme celle qui soutient notre classicisme méditerranéen du xyii© siècle, puisse suffire aujourd'hui à la grande conception de l'humanité que nous devons nous former ?

Comme ils paraissent avoir été mieux avisés ceux qui n'ont point opté pour les retours et qui ont gardé dans leurs mains les biens rapportés des dernières découvertes. Comme ils ont eu raison de faire confiance à la vie et de ne point douter de la force ingénue qui est toujours en elle.

Dirons-nous maintenant que nous pensons, en dépit des affirmations de M. Charles Maurras, que les lettres vaincront les conditions défavorables de notre époque ?

Nous ne le nions point : la démocratie ne les soutient pas. Elle n'a pas constitué une société supérieure et toutes ses forces tendent vers en bas. De plus en plus, hélas, l'artiste vivra incompris et isolé.

Mais une connaissance profonde et sûre des conditions de l'art, de la beauté, de la perfection, remplacera pour lui l'aide et le soutien qu'il trouvait naturellement autrefois dans le goût des gens qui l'entouraient. N'a-t-on pas remarqué que la notion du classicisme a été étudiée à notre époque avec une application, une insistance dont nulle théorie d'art n'avait jamais bénéficié ? Il ne serait pas difficile de démon- trer que la critique, se faisant enfin constructive, y procédait à une sorte de création préparatoire, composait presque un système de mise en œuvre auquel les artistes n'ont plus qu'à se fier. Et si l'on se reporte à l'étude de M. Henri Ghéon

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