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642 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

entrepris de le justifier et, comme elle était insuffisamment critique pour se débarrasser du mysticisme qui l'aveugle encore, elle n'a pas vu dans la modification des rapports internationaux la cause première de ce courant senti- mental. Elle a rapproché ce courant d'un mouvement mi-artistique, mi-philosophique d'avant-guerre pour étabUr entre l'un et l'autre une filiation secrète. La pré- dominance de la sensibilité a paru être comme le passage dans les mœurs de la philosophie du sentiment et de l'intuition. Inversement, le spiritualisme a hérité des susceptibiUtés légitimes de l'état de guerre et, non content d'interrompre tout commerce intellectuel avec l'ennemi, il a donné à cet acte de convenance une valeur rétroactive. Il a entrepris ime révision critique de la pensée d'avant-guerre pour déceler en elle toute trace d'influence allemande. Sans toujours faire preuve d'une rigueiu:, d'une méthode et d'une documentation suffisantes, il a dénoncé l'action de Kant, de Fichte, de Hegel, de Schopenhauer et de Nietzsche sur nos philosophes. Il a fait ressortir l'influence de Wagner sur la musique contem- poraine et l'invasion de l'art munichois. Il a même été jusqu'à voir dans l'extension au travail intellectuel des discipUnes scientifiques la manière allemande. Et ces recherches généraUsées ont eu des conséquences inatten- dues. Sans doute, dans des questions délimitées, lors- qu'elles ont été entreprises avec quelque souci de méthode, elles ont pu donner des résultats incontestables : certains historiens ont mis ainsi en lumière .le caractère beUiqueux que l'idée nationale a toujours revêtu en Allemagne. Mais, quand ils n'emportaient pas de justification suffi- sante pour ne trahir qu'une réaction sentimentale, de

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