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Page:NRF 13.djvu/652

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044 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

pour la force ; ils laissent sans direction des hommes qui veulent vivre.

Sans doute, quand toutes les énergies sont tendues vers la réorganisation du monde, la situation de la pensée est bien délicate. Et pourtant, au sortir de l'expérience tragique où se sont peut-être élaborées quelques certitudes nouvelles, nos devoirs intellectuels sont impérieux. La France, si décidée dans l'action, demeure hésitante, mobile et troublée devant son passé et devant l'intelli- gence. Elle ne sait que penser d'elle-même. Il importe de dissiper ce malaise. Il faut savoir ce que valent les idées que nous avons aimées et qui nous ont fait vivre, dût cette recherche être pénible. Nous ne pouvons prononcer aussi légèrement la déchéance de la pensée française d'avant- guerre, la déchéance de l'intelligence. Il importe de savoir dans quelle mesure et sous quelle forme la pensée fran- çaise a subi l'empire des idées allemandes, et si les consé- quences qu'on dégage de cette servitude sont légitimes. N'ayant ni l'étroitesse, ni les arrière-pensées d'un parti poUtique, le sentiment national n'a jamais exigé qu'aucun sacrifice soit fait de la vérité et de la logique. L'abandon aux événements n'est pas une discipline, l'improvisation n'est pas une méthode, le sentiment n'est pas un dogme. Et tout, même un traditionalisme strict, buté, qui mécon- naîtrait les exigences essentielles de la pensée moderne, serait préférable à l'attente sans objet d'un opportuniste étemel.

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��D'une manière générale, la crise actuelle ne saurait nous surprendre. La cessation d'échanges intellectuels avec

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