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LE MIRACLE 59

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��Ce n'est plus ainsi qu'on fait les miracles. Si la confiance était suffisante, comme dans les temps anciens, tous ces pauvres gens seraient, dans la même seconde, satisfaits, guéris, sauvés. Malheureusement l'époque est dure et les hommes sont trop savants. Le miracle se produit encore, mais il est aride, il est ingrat. Il ne cède plus au simple sourire de l'élu. Il faut le poursuivre à travers toutes sortes de souffrances et de délibérations. Il n'éclate plus : il vient à nous en rampant.

Le patient monte sur la table avec une espèce de peur enthousiaste. Il s'étend, il tremble un peu, bien qu'il soit résolu et semble parfois transporté. Depuis si longtemps il attendait son tour ! Il redoute et chérit cette minute. C'est que les « mutilés de la face » ne sont pas comme les autres. Ce qui leur fut ravi, ce n'est pas une jambe, un bras, ce n'est pas une de ces choses si pré- cieuses et, malgré tout, un peu étrangères ; c'est l'aspect même de leur âme, c'est leur ressemblance à la divinité.

C'est donc cette ressemblance qu'il nous faut recouvrer à tout prix. Dix fois déjà nous avons été attachés sur cette table qui ressemble à l'autel d'une idole farouche; s'il le faut, nous nous offrirons dix fois encore. La pa- tience de l'homme savant sera usée avant la nôtre. Nous sommes pressés, mais bien davantage résolus. Allez-y, Monsieur, et n'ayez pas peur ! Faites tout ce qu'il faut ! Et si je viens à crier, des fois, prêtez pas attention, sur- tout ! Continuez, continuez !

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