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LE MIRACLE 6l

monsieur ! Sûrement, ce n'est pas commode pour vous de travailler... »

Parfois, il faut absolument que le faiseur de miracles demeure seul en face de l'argile sanglante. Il faut que le patient se livre sans conditions et se retire dans les pro- fondeurs. Alors on lui enfonce dans le cou un petit tube courbe qui ressemble à un poignard. C'est par là que le sonmieil lui sera dispensé.

Il râle un peu, cède et s'efface. Il tombe dans un pro- fond oubli du présent. Il retourne à des rêves obsédants.

�� ��Comme elles sont belles, les femmes d'aujourd'hui ! Comme elles sont plus gracieuses, plus hardies, plus dési- rables que toutes les femmes de jadis !

Moi aussi, j'avais une fine moustache audacieuse, et je disais de ces choses qu'on peut dire quand on a une bouche agréable et de belles dents bien soignées. Moi aussi j'ai reçu des baisers. Moi aussi je regardais les femmes dans les yeux, et cela me gonflait le cœur d'une joie sau- vage, que je ne sentirai peut-être plus jamais.

Je ne suis pas un aveugle. Il me reste un œil pour voir cette chose difforme et monstrueuse qu'est devenue ma figure.

J'ai connu, il y a deux mois, une petite putain. Elle sortait avec moi sur le boulevard. Je nouais un triangle de drap noir sur mes cicatrices. J'étais fier de ma blessure et aussi de ce bout de ruban qu'on m'a donné..

La femme n'avait pas assez d'orgueil pour se plaire avec moi longtemps.

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