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Page:NRF 13.djvu/699

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LE PÈRE HUMILIÉ 69I

PENSÉE. — Que puis-je demander davantage ?

ORIAN. — Ce que je dis, ne le savais-tu pas ?

PENSÉE. — Tout ce que tu dis, je le savais d'avance.

ORIAN. — Te souviens-tu de ce que je t'ai promis, il y a si longtemps qu'on ne saurait dire le moment,

Cette chose entre nous qui était avant notre naissance ?

PENSÉE. — Je m'en souviens.

ORIAN. — ... Que je t'aimais et que je n'en aimerais aucune autre ?

PENSÉE. — Je le crois, Orian.

ORIAN. — L'anneau d'or de notre mariage, je te le mettrais au doigt.

PENSÉE. — Dis, pourquoi avoir voulu me laisser à un autre ?

ORIAN. — Ce fut du temps, ma Pensée, où je vivais encore.

PENSÉE. — Est-ce bien vrai, du moins, que mainte- tenant au moins je suis à vous ?

ORIAN. — Quand j'aurai libéré mon âme, alors je pourrai vous la donner.

PENSÉE. — N'y a-t-il pas d'autre moyen de la libérer, sinon qu'elle soit ainsi cruellement séparée de ce corps et du mien ?

ORIAN. — Heureux de qui le devoir est court ! heu- reux à qui le devoir est clairement montré! Défendre sa mère, défendre sa patrie, quoi de plus court, quoi de plus simple ? Les circonstances se sont chargées de tout régler pour moi. Le même humble, le même facile devoir que pour tous, quel bonheur ! Et le prix qui est avec moi, cette Pensée.

J'étais trop impatient pour la vie, brusque, trop capri-

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