694 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
ORIAN. — Il n'y a besoin de rien autre.
PENSÉE. — Non.
ORIAN. — Mais comprends-tu aussi maintenant ce que je te disais quand je te parlais d'une autre présence?
PENSÉE. — Ah ! je suis faible, et ce qui sufi&t à d'autres femmes m'eût sufiâ.
ORIAN. — Pourquoi donc me dis-tu de partir ?
PENSÉE. — Je suis forte aussi.
Silence. ORIAN. — Je t'aime, Pensée.
Demi-pause.
PENSÉE. — Je comprends que c'est adieu que cela veut dire ?
ORIAN. — Adieu.
PENSÉE. — Laisse-moi une dernière fois tendre les mains vers toi.
Comme les mourants quand un Ange place la harpe étemelle déjà entre ces doigts qui la cherchent !
Elle lui touche la figure avec les mains.
Laisse-moi une dernière fois connaître ton visage ! laisse-moi en prendre l'empreinte avec cette cire vivante.
Ces deux mains qui ne sont autre chose avec leurs
doigts que mon âme dès que je t'ai touché !
Adieu, chère tête !
Sort ORIAN.
SCÈNE III
Entre ORSO.
PENSÉE. — Orso, il nous faut de ce pas annoncer à ma mère que nos fiançailles sont rompues.
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