Sous les apparences d’un correct gentleman-bookmaker, je reconnais en ce jeune homme, avec ma lucidité bien française, le rapin qu’ont connu et justement honni nos aïeux. M. Kokuparki ne travaille pas ; il passe son temps à combiner des inventions que je qualifierai de charlatanesques en vue de gruger ses contemporains et leur soutirer la monnaie qu’il est incapable de gagner à la sueur, sinon de ses pieds, tout au moins de son front.
Car, Messieurs, je ne viens pas ici faire le procès des beaux-arts et du labeur cérébral, moi qui suis architecte. Il était d’honnêtes romanciers comme il était d’honnêtes commerçants. Tenez ! M. Brûlat, qui demeure dans mon quartier, est fort rangé, ou M. Bordeaux, dont les crus de Savoie sont excellents. De même, il est des peintres qui peignent des filles nues et qui ne trompent pas leur femme, j’en suis persuadé.
Mais M. Kokuparki méprise le travail. C’est un anarchiste. Il prétend ne rien faire pendant que les autres s’esquintent. Il passe ses matinées à dormir, ses journées à muser dans son atelier et ses nuits, m’a-t-on dit, dans des salons où l’on voit des duchesses danser avec des apaches affiliés à une bande qui s’intitule les « Cubistes de Montparnasse ». Leur chef répond au sobriquet de « la Terreur des Cônes ».
Je profite de ma présence dans un prétoire pour élever ma plainte d’homme simple et laborieux contre ces survivances abominables de l’ère de corruption que fut la Troisième République.
Pour en revenir à M. Kokuparki, je le stigmatise comme hors-la-loi, rebut de la société, contempteur du devoir social qui est de se nourrir, de nourrir les siens, et peut-