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LA SYMPHONIE PASTORALE 749

instrument dans la symphonie me permit de revenir sur cette question des couleurs. Je fis remarquer à Ger- trude les sonorités différentes des cuivres, des instruments à cordes et des bois, et que chacun d'eux à sa manière est susceptible d'offrir, avec plus ou moins d'intensité, toute l'échelle des sons, des plus graves aux plus aigus. Je l'invitai à se représenter de même, dans la nature, les colorations rouges et orangées analogues aux sono- rités des cors et des trombones ; les jaunes et les vertes à celles des violons, des violoncelles et des basses ; les violettes et les bleues rappelées ici par les flûtes, les clari- nettes et les hautbois. Une sorte de ravissement inté- rieur vint dès lors remplacer ses doutes :

— Que cela doit être beau ! répétait-elle. Puis, tout à coup :

— Mais alors : le blanc ? Je ne comprends plus à quoi ressemble le blanc...

Et il m' apparut aussitôt combien ma comparaison était précaire :

— Le blanc, essayai- je pourtant de lui dire, est la limite aiguë où tous les tons se confondent, comme le noir en est la limite sombre. — Mais ceci ne me satisfit pas plus qu'elle, qui me fit aussitôt remarquer que les bois, les cuivres et les violons restent distincts les uns des autres dans le plus grave aussi bien que dans le plus aigu. Que de fois, comme alors, je dus demeurer d'abord silencieux, perplexe et cherchant à quelle comparaison je pourrais faire appel.

— Eh bien ! lui dis-je enfin, représente-toi le blanc comme quelque chose de tout pur, quelque chose où il n'y a plus aucune couleur, mais seulement de la lumière ;

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