Aller au contenu

Page:NRF 13.djvu/760

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

752 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

VOUS. D'abord parce que ça serait très lâche de chercher à tromper une aveugle... Et puis parce que ça ne pren- drait pas, ajouta-t-elle en riant. Dites-moi, pasteur, vous n'êtes pas malheureux, n'est-ce pas ?

Je portai sa main à mes lèvres, comme pour lui faire sentir sans le lui avouer que partie de mon bonheur venait d'elle, tout en répondant :

— Non, Gertrude, non, je ne suis pas malheureux. Comment serais- je malheureux ?

— Vous pleurez quelquefois, pourtant ?

— J'ai pleuré quelquefois.

— Pas depuis la fois que j'ai dite ?

— Non, je n'ai plus pleuré, depuis.

— Et vous n'avez plus eu envie de pleurer ?

— Non, Gertrude.

— Et, dites... est-ce qu'il vous est arrivé, depuis, d'avoir envie de me mentir ? .

— Non, chère enfant.

— Pouvez- vous me promettre de ne jamais chercher à me tromper.

— Je le promets.

— Eh bien ! dites-moi tout de suite : Est-ce que je suis joUe ?

Cette brusque question m'interloqua, d'autant plus que je n'avais point voulu jusqu'à ce jour accorder atten- tion à l'indéniable beauté de Gertrude ; et je tenais pour parfaitement inutile, au surplus, qu'elle en fût elle-même avertie.

— Que t'importe de le savoir ? lui dis-je aussitôt.

— Cela c'est mon souci, reprit-elle. Je voudrais savoir si je ne... comment dites-vous cela ?... si je ne détonne pas

�� �