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��REFLEXIONS SUR LA LITTERATURE

��LES SPECTACLES DANS UN FAUTEUIL

Il m'est arrivé, il y a deux mois, de faire à un point d'exégèse shakespearienne une allusion trop rapide qui prêtait à l'équivoque. Une lettre de M. Jacques Boulenger, de qui j'analysais l'intéressant ouvrage, est venue m'en faire pren- dre conscience.

Il me paraissait que tout dans les pièces de Shakespeare est vie de théâtre, sent le miheu d'une troupe, et les planches, les chandelles, souvent aussi le théâtre de verdure, M. Bou- lenger se dit frappé au contraire de ce que ces pièces présen- tent de hvresque, de spectacle dans un fauteuil. Et son avis est conforme en effet au goût le plus répandu. L'opinion de Charles Lamb est assez commune dans la critique anglaise. Elle est générale dans la critique française. Shakespeare a pu être galvanisé un instant devant les spectateurs français par le génie d'un grand acteur comme Mounet-Sully dans Hamlet, par une mise en scène pittoresque comme dans les tableaux d'Antoine et Cléopâtre ou de Jules César, par l'intelligence sobre et le goût littéraire de cette même mise en scène comme dans la Nuit des Rois au Vieux- Colombier. La critique s'est toujours refusée à y voir

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