l'enfant qui s'accuse 903
— Est-ce que ça y était ?
Il évite le piège sauveur avec un flair de petit sau- vage :
— Je ne sais pas... Je n'ai pas longtemps regardé.
Je reviens à l'argument décisif : l'endroit de la resti- tution :
— Par quelle porte du jardin es-tu entré ? Celle de devant ou celle de derrière ?
— Celle de derrière.
— Et la fenêtre où tu dis que tu as remis le porte- monnaie, était-elle du même côté, c'est-à-dire sur le derrière de la maison, ou de l'autre côté, c'est-à-dire sur le devant ?
— Sur le derrière.
— Messieurs, vous voyez bien que nous sommes en plein roman. Cet enfant parle de la seule pièce de ma mai- son qu'il connaisse, la salle à manger, qui est fort loin de la chambre d'amis. La fenêtre en est inaccessible, à un mètre cinquante du sol, derrière une plate-bande touffue. Il aurait fallu faire une escalade et entrer dans la pièce, car la table est encore fort loin de la fenêtre. Celle-ci est toujours fermée le soir. Ce récit ne tient pas debout.
Le juge lève les bras au ciel :
— Mais alors c'est de la mystique, de la mystique... C'est l'affaire des aliénistes... Lombroso...
Il pose une dernière question :
— Y avait-il de la lumière dans cette chambre ? A neuf hexires on n'est pas couché.
' — Non, il n'y en avait pas... mais il y avait un peu de limiière qui venait de la cuisine.
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