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NOTES 115

et les choses victimes de la guerre. Nous voici emportés dans un grand mouvement oratoire ; nous ne demandons qu'à suivre le poète où son vol va nous porter, mais voici qu'au moment de s'élever, il s'attarde inopportunément pittoresque à nous décrire des Serbes autour "d'un acre feu d'herbes visiblement allumé par le souci de la rime. Je me fatigue vite à suivre une marche si rompue, si capricieuse et sac- cadée ; ce n'est plus un poème que je lis, c'est un livre de contes et d'iaiages que je feuillette. Mais combien mon plaisir serait moins mélangé si l'auteur, demeurant fidèle à sa nature, n'avait pas voulu forcer sa voix, pour écrire, lui aussi, le poème de la guerre !

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Plus modeste et plus habile M. Henri Pourrat a composé une chronique paysanne qui a de la grandeur et une saveur rustique. La forme rappelle directement celle de Francis Jammes, dans Jean de Noarrieu, avec moins de préciosité à rebours, moins de grâce et d'invention aussi. Ecrit tout entier en laisses de sept vers de dix syllabes, à l'exception du chant : Le Bois des Corbeaux où l'auteur use d'un vers de seize syllabes, très propre au récit épique, le poème de M. Pourrat faire songer encore à Jocelyn, ou à Marie de Brizeux ; quelque chose d'intermédiaire entre le roman et la chanson de geste, dans une forme simple, assez sobre, mais languissante et monotone.

Le dernier chant du poème a de la force avec un agréable coloris d'imagerie populaire. On y voudra peut-être reconnaître quelques-uns de ces traits homériques, larges et précis qui donnent tant de caractère aux chefs-d'œuvre de Mistral et d'Aubanel. Voici la " bourrée", dansée, dans un village du front par des soldats d'Auvergne :

Les poings brandis, du brillant dans les yeux En mènent-ilSf à quatre, une fameuse. De tout le corps on suit ces fins balleurs Le geste à faire on le trou've avec eux.

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