Page:NRF 14.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

12 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

les projets d'avenir qu'on avait faits pour lui. Il apprit que certains de ses jeunes élèves n'avaient pas été baptisés, et s'aperçut, avec un étonnement dont il devait sourire un jour, que ces enfants n'étaient ni plus ni moins méchants ou vicieux que ceux qui avaient été régénérés par le baptême. Le doute entra dans son esprit, et quelque temps après il annonça qu'il refusait de recevoir l'ordi- natioii.

Ce fut un grand scandale, un véritable drame, dans le milieu et la famille du jeune homme. Le Rév. Thomas Butler mit en œuvre tous les moyens dont il pouvait dis- poser pour " ramener à la raison " le fils rebelle. Mais Samuel resta inébranlable, et ne se laissa ni intimider ni corrompre. Enfin, après quelques mois troublés (durant lesquels Butler, qui aurait voulu embrasser la profession de peintre, suivit les cours d'une école de dessin à Cam- bridge où il s'était réfugié), il fut décidé qu'il recevrait de son père une certaine somme en avancement d'hoirie, et qu'il irait se faire éleveur de moutons dans l'île méridio- nale de la Nouvelle-Zélande. A la fin de septembre il s'embarquait sur le Rotnan Emperor^ et à la fin de Janvier 1860, en plein été de l'hémisphère austral, il débarquait à Port-Lyttelton. Il avait vingt-trois ans et deux mois.

De cette première partie de la vie de Samuel Butler nous possédons : quelques dessins et paysages faits à Shrewsbury ; une vue de Civita Vecchia (aujourd'hui à Cambridge, dans la Collection Butler, au Collège Saint- Jean) et une vue de Cambridge. Plus importants sont ses essais littéraires, réunis par R. A. Streatfeild et H. F. Jones. Ce sont : des parodies ; la traduction en vers d'une

�� �