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2IO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

DEUXIÈME PARTIE. RÉCIT DE JULIETTE

��Quand j'ai eu la dépêche qui m'apprenait seulement que Jacques était malade, il m'a semblé que j'avais depuis quelques jours des inquiétudes pour sa vie. J'ai été sûre aussi qu'il était atteint dangereusement, et j'ai ima- giné que c'était de la grippe. Mais une demi-heure après, dans le train, je suis devenue plus confiante, en me disant : si j'ai trouvé ce train, dont je ne savais même pas l'heure, sans attendre — et il n'y en a que trois dans la journée — c'est déjà un signe, c'est une réussite. Je me rappelle mal cette nuit dans le train ; je crois que dehors il pleu- vait tout le temps, j'ai dû chercher à me souvenir de toutes les personnes que je connaissais qui s'étaient guéries com- plètement après des grippes très graves. Puis mon inquié- tude diminuait à mesure que je me rapprochais de Jacques. A Chambéry, j'ai appris que je n'aurais pas à attendre trois heures, comme d'habitude, mais seulement vingt minutes. C'était encore une réussite.

Madame Mascar m'a dit : " Votre mari a été sérieu- sement malade, mais aujourd'hui le médecin est plus content, c'est une congestion pulmonaire ". J'ai pensé qu'elle exagérait. Quand je suis entrée dans la chambre de Jacques, j'ai vu tout de suite la courbe de tempé- rature qui montait plus haut que 40, et le crachoir avec des crachats rouilles. C'est donc vraiment une pneu-

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