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248 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

deux chimbecks qui sont au bord du Fleuve... " Des silhouettes de blancs vêtus de complet de toile kaki ou immaculée circulent sous la marquise de paille de leurs demeures ou s'accoudent, le visage à Teau.

Le Congo est inerte, jaune, mais si je regarde un rocher qui, au milieu du fleuve, semble avoir été laissé là par l'administration pour faire office de balise, je me rends compte que le fleuve a un courant. Contre cette pierre énorme l'eau se froisse, elle est creusée de courtes rides profondes qui se nouent brusquement en minuscules tourbillons étincelants au soleil ; à cet instant le rocher jette des éclats à ras de l'eau. Je porte les yeux ailleurs sur le Fleuve : le Congo est inerte, jaune ; il reluit, tout patiné par la lumière pâle. L'orée de la Grande Forêt Equatoriale se trouve derrière Brazzaville. De mon siège, sur la rive belge du Fleuve Congo, j'aperçois, par dessus la verdure massive où sont cachées toutes les demeures à chimbecks, dont deux sculements sont visibles et dans le reflet de l'eau, les cimes des premiers arbres. Elles sont lointaines et, immobiles, noires, de ma distance je les vois toutes au même niveau ; c'est une longue et épaisse poutre, grossièrement taillée, disposée horizontalement ; contre elle, le ciel est d'un bleu pâle délavé.

Telle sera ma reprise de contact avec le Congo Français.

La Grande Forêt, je ne l'atteindrai qu'à Brazzaville seulement où, tout au long des rues, je marcherai le nez dans une légère odeur de rouille durant les heures du matin ; et pendant la chaleur lourde de l'après midi elle me fatiguera la tête et les jambes de l'humidité qui suinte de ses premiers troncs, puis s'évapore et alourdit la lumière

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