286 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
pas un roman composé. Et, j'y reviens, cette unité qui fait défaut, l'auteur pouvait sans doute la créer artificiellement, au moyen d'une idée centrale ou d'un personnage symbolique. Il ne l'a pas fait pour demeurer plus véridique. Comment lui en saurait-on mauvais gré ?
��Les nouvelles qui composent son plus récent ouvrage, m'ont paru marquer, sous le rapport du style, un progrès sur les Croix-de-Bois. Il y a encore des traits d'un humour un peu trop mécanique, à déclenchement prévu, mais les coupes sont plus variées, la phrase plus étoffée, les périodes mieux cadencées. Peut-être aussi l'auteur est-il plus à l'aise dans la nouvelle. Il faut lire la charmante description des " belles du front " dans le Cabaret de la Belle Femme et du village " copié sur un modèle unique pour la distraction du mihtaire... où le flux des régiments laissait des boîtes de singe en guise de coquillages," et l'histoire étonnante de verve malicieuse du Poète sous le pot de fleurs. Partout, sobre et net, d'une correction aisée, sans maniérisme ni souci puéril d'écriture artiste, le style est celui d'un vrai conteur.
L'art de conter ne vaut-il pas celui d'obscurcir les idées les plus claires sous prétexte de les approfondir ? Je ne me mêle pas de décider. Mais je sais bien que rien n'est moins commun que ce don enchanteur. Plus rarement encore est-il donné de le voir, comme chez M. Dorgelès, au service d'une vision pénétrante de la vie et du cœur humain.
ROGER ALLARD
��PIERRE MAC-ORLAN ET LE ROMAN D'AVENTU- RES.
M. Pierre Mac-Orlan est l'un des plus féconds parmi les écrivains de sa génération. Sa collaboration aux journaux amusants et son talent pour la caricature lui ont mérité la réputation d'un humoriste. A l' encontre de beaucoup d'autres qui commencèrent par une plaquette de vers symbolistes pour
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