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342 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

autant qu'elle nous lie les uns aux autres. Elle devient souvent néfaste en ce qu'elle substitue à la réalité une sorte de rêve, et nous distrait de l'effort. Quand la croyance n'est pas un levain pour l'esprit, elle lui sert de narcotique.

Une idée juste et rationnelle du tout dont nous som- mes partie, telle est la substance même de l'activité collective. D'elle dépend l'ordre social, ordre nécessaire qui ne se maintient que dans la mesure où nous le voulons. Faisons en sorte que la conscience du groupe, jusqu'à présent sentiment obscur et semi-religieux, s'éclaire de la lumière limpide que répand la pensée individuelle.

III. — LE CADRE NATIONAL

Il ne suffit pas que des hommes soient disposés à collaborer, il faut encore qu'ils soient organisés pour agir. La préparation morale veut être appuyée sur une organisation positive. Deux problèmes se lient ici : l'un d'éducation, l'autre en quelque sorte constitutionnel. L'ordre n'est pas moins nécessaire dans les rapports sociaux que dans les pensées individuelles. Le désir de réaliser une même œuvre n'est qu'impuissance si les fonctions de ceux qui doivent y collaborer ne sont pas distinctes, définies et ordonnées dans un ensemble. La conception du groupe social ne sera forte que lorsqu'elle reposera sur une notion complète des éléments dont son organisme est fait. C'est alors seulement que l'on en reconnaîtra le cadre naturel.

Ce cadre est la nation. Le groupement qu'elle déter-

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