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358 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Ce matin, tous les articles des journaux sont des décrets, ordonnances, mandements, ukazes et pri- kazes.

Défense est faite aux médecins de donner aux mala- dies leur nom vulgaire. A quoi bon ? C'est plus pathé- tique ainsi et puis il faut « tout de même » une religion pour le peuple. Au surplus, ces messieurs des bureaux ne sont pas en peine de vulgarité et si l'on a besoin, impérieusement, d'un nom pour apaiser le malade dont occuper l'impatience, selon l'art national de contenter les autres citoyens avec une carte d'électeur ou un fasci- cule de mobilisation, — s'il faut un nom, on en fournira un vulgaire à souhait.

Grippe espagnole. Feria de la Malaria !

Les caricaturistes n'ont pas attendu ce siècle pour affubler dame Peste d'un jupon court à grelots agressifs.

Quand la tireuse de cartes du 32 est morte, «n trois jours, de la grippe espagnole, l'absoute fut donnée par un prêtre tondu qui avait passé son surplis par dessus son uniforme bleu horizon. Une de ses jambières se déroulait en serpentin sur les marches de l'autel. Au front, dans la tranchée de Calonne, c'est un bidon tru- qué (on tire dedans une cartouche) qui lui servait de burette.

Le cheval de troupe, mal nourri depuis quelques mois, boit l'eau empoisonnée du faubourg et le soleil allonge l'ombre du sabre sur les pavés.

Dans la vitrine du relieur, une collection de guerre du Miroir. Dix volumes de plus que l'Histoire de la Guerre de 1 870-1871 ! C'est beaucoup. Cependant ça n'emplit pas toute la vitrine.

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