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LE SACRIFICE A LA ROSE 399

Nous ne nous voyons jamais qu'en plein air, (ah, nos paroles parties !) qu'au soleil, clignant des yeux et de l'âme.

��Vous êtes là, je suis là, il ne naît pas de bonheur de nous.

Tout ce que j'avais construit quand vous étiez là, vous le défaites pendant l'absence. Tout ce que j'avais cons- truit pendant l'absence, vous le défaites quand vous êtes là.

Écoutez-moi, je n'en peux plus de vous. Vous revoir, c'est recharger le monde. Vous revoir, c'est me déprendre. Écoutez-moi, je n'en peux plus de vous.

Écoutez-moi, jamais dans la guerre je n'ai eu la détresse que j'ai par vous. Traverser le glacis vers leurs lignes est moins dur que traverser l'avenue vers vous qui me regardez.

(J'ai peur du soleil. J'ai peur des trajets. J'ai peur des lieux où nous nous rencontrons. J'ai peur de son visage quand elle m'aperçoit.

J'ai peur de l'aborder. Je la suis de loin avant de l'a- border. J'ai jeûné d'elle pendant quinze jours, et ma peur crie : « Qu'elle ne vienne pas ! »)

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