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Page:NRF 14.djvu/413

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SI LE GRAIN NE MEURT 4^7

n'ajoute pas aujourd'hui tout ceci ; mais non : cet angélus, je l'entends encore, je revois ce sentier ciiar- mant, les roseurs du couchant et, montant du lit du Gardon, derrière nous, l'obscurité envahissante. Je m'a- musais d'abord des grandes ombres que nous faisions ; puis tout se fondit dans le gris, et je me laissai gagner par l'inquiétude de ma mère qui cherchait en vain à presser mon père et Anna, tout à la beauté de l'heure et peu soucieux du retard. Je me souviens qu'ils récitaient des vers ; ma mère trouvait que *' ce n'était pas le moment " et s'écriait : — Paul, vous réciterez cela quand nous serons rentrés.

Dans l'appartement de ma grand'mère, toutes les pièces se commandaient ; de sorte que, pour gagner leur chambre, mes parents devaient traverser la salle à manger, le salon, et un autre salon plus petit où l'on avait dressé mon lit. Achevait-on le tour, on trouvait un petit cabinet de toilette, puis la chambre de grand'mère, qu'on gagnait de l'autre côté en passant par la chambre de mon oncle. Celle-ci rejoignait le pallier, sur lequel ouvraient également la cuisine et la salle à manger. Les fenêtres des deux salons et de la chambre de mes parents regardaient l'esplanade ; les autres ouvraient sur une étroite cour que l'appartement encerclait ; seule la chambre de mon oncle donnait de l'autre côté de la maison sur une obscure ruelle, tout au bout de laquelle on voyait un coin de la place du marché. Sur le rebord de sa fenêtre mon oncle s'occupait à d'étranges cultures : dans de mystérieux bocaux cristallisaient autour de tiges rigides ce qu'il m'expliquait être des sels de zinc,

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