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NOTES 461

je devais à mon tour expier avec eux et vous faire expier vous-même. Je devais aussi vous donner le temps d'oublier les raisons de votre fureur : ma beauté funeste. Vous ne craignez plus rien ; mon visage a perdu sa fleur. Il ne fallait pas moins pleurer pour qu'Apollon nous rendît Perdita, Maintenant que le ciel pardonne, ami, les hommes p>euvent pardonner. » C'est à peu près le sens des explica- tions que dut donner Hermione à Léontès. Il y aurait tout un tra- vail à faire sur le christianisme de Shakespeare. Le Conte d'Hiver, qui est une de ses dernières œuvres, en est imprégné jusqu'au cœur. Est-il, du reste, un grand ouvrage qui ne soit l'expression d'une grande pensée et d'une grande certitude ? je ne le crois pas. Je n'ai pas étudié particulièrement ce drame. Tel que je viens de l'évoquer, dans sa force et ses agréments, dans sa ligne et dans ses dessous, c'est le Vieux Colombier qui me le propose. La mise en scène de Copeau n'anime pas seulement le texte, elle l'explique ; le spectateur n'a plus qu'à lire et qu'à se laisser émouvoir. Aussi bien j'estime inutile d'insister sur la disposition d'une scène qui remplit si exactement son but et n'est, répétons-le, qu'un moyen provisoire, un point de départ, un tremplin, mais simple, mais robuste et sCir. Pour le « simultanéisme » de Shakespeare, elle est la commodité même; nous verrons ce qu'elle sera pour Molière, pour les modernes, peut-être un jour pour les Grecs et Racine. Mais elle ne serait rien, répétons-le aussi, sans les acteurs, sans ce qu'on appelle d'un beau mot, la « compagnie ». Devant ces jeunes gens ardents et dociles, encadrés par quelques aînés dont l'expérience est connue de tous, nous avons l'impression d'une spontanéité disciplinée, d'une ému- lation joyeuse, d'une réserve de forces merveilleusement diverses qui ne demandent qu'à venir au jour, d'une ressource en un mot presque illimitée pour l'auteur qui voudra travailler avec eux. Un chef qui sait et qui veut, c'est tout le secret de cette harmonie. — Il n'y a pas de vedettes, c'est entendu ; mais il faut nommer Œtly qui est un puissant Léontès, Madame Albane une émouvante et fra- gile Hermione, Madame Barbieri, la vérité même dans Paulina, Jouvet ineffable de fantaisie dans le rôle d'Autolyeus, et Robert Allard, charmant Flofizel, et Remy Carpen, Perdita tremblante, et Bacqué en berger, et Bouquet qui est clown, son fils ; Marcel Her- rand dans le Temps, Le Goff, Roger, Savry — tous enfin, jusqu'aux

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