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parents. Il avait perdu son père de bonne heure, et c’était pour cette raison que son affaire venait devant la Cour des Deuils Privés. Le pauvre garçon, qui n’avait pas d’avocat, dit pour sa défense qu’il était jeune et sans expérience ; qu’il tremblait devant son tuteur, et qu’il n’avait eu personne pour lui donner des conseils désintéressés.

— Jeune homme, dit le juge avec sévérité, ne nous dites pas de sottises. On n’a pas le droit d’être jeune et sans expérience, de trembler devant son tuteur, et de n’avoir personne de qui recevoir des conseils désintéressés. Et si, par de telles fautes, on outrage le sens moral de ses amis, il faut qu’on s’attende à en subir les conséquences. ” Puis il donna au prisonnier l’ordre de faire des excuses à son tuteur et le condamna à recevoir douze coups de martinet.

Mais peut-être le lecteur pourra-t-il se faire une notion encore plus exacte du complet renversement d’idées qui existe chez ce peuple extraordinaire, si je lui raconte le procès public d’un homme accusé de phtisie pulmonaire, crime qui était, il n’y a pas encore très longtemps, puni de mort. Ce procès eut lieu plusieurs mois après mon installation dans le pays, et je m’écarte de l’ordre chronologique en le racontant dès maintenant ; mais il me semble que cela vaut mieux ainsi : j’épuise ce sujet avant de passer à d’autres. D’ailleurs je n’en finirais jamais si je narrais de point en point mes aventures,