Aller au contenu

Page:NRF 14.djvu/571

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE PARADIS DES CONDITIONS HUMAINES 565

— O mes amis très chers, la réponse n'était-elle pas qu'il fallait attendre encore ?

L'angoisse était montée à un degré si intolérable que nous n'avons pas fait un mouvement... de peur de retar- der la suite de ses paroles :

— Mais la réponse a-t-elle déterminé ce qu'il fallait que nous attendions ?

— Non, cela n'a pas été déterminé.

Les yeux de mon amie ont parcouru le groupe que nous formions, mais ils sont restés fixés sur les miens pendant qu'elle achevait par ces mots :

— O mes amis très chers, qui mieux que vous recon- naîtra si l'essence même de son désir est réalisée ? Qui mieux que vous sait alors s'il vous reste autre chose à souhaiter que ce qui vous entoure?

Spontanément et avant toute réflexion un cri a jailli de nous :

— O mes amis, le jour prédit est enfin arrivé !

Ce cri a couru sur les groupes et tous se sont arrêtés, le visage tendu.

Alors la lumière s'est faite en nous, nous avons cessé de craindre, et le dernier lien corporel qui entravait notre gorge est tombé, en même temps que s'en allait de nous tout ce qui nous restait de l'inquiétude terrestre et de la rongeante espérance.

— O mes amis, le jour est enfin venu où le désir de nos désirs a commencé à s'accomplir.

De tous les cloîtres et de toutes les salles les morts accouraient vers nous ; la sérénité illuminait leurs figures.

Et nos sœurs, gardiennes si longtemps mystérieuses

�� �