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648 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

île, une île toute petite, et dont il peut du reste s'échap- per quand il veut? Un mur de briques, en manière de parapet Tencerclait, reliant exactement l'un à l'autre chacun des corps de bâtiments ; à l'intérieur, épaissement tapissé de lierre, il était assez large pour que, grimpé dessus, on le pût arpenter sans imprudence; mais pour pêcher à la ligne on était alors trop en vue des poissons, et mieux valait se pencher simplement par dessus ; la surface extérieure et plongeante s'ornait de ci de là de plantes pariétales, valérianes, fraisiers, saxifrages, parfois même un petit buisson, que maman regardait d'un mauvais œil parce qu'il dégradait la muraille, mais qu'Anna obtenait qu'elle ne fît pas enlever, parce que des oiseaux avaient coutume d'y nicher.

En plus du corps de logis principal, de la poterne et du bâtiment de la cuisine, l'île comprenait encore, avançant sur la douve, deux minuscules tourelles iso- lées, affectées aux usages que l'on devine, l'une tapissée de jasmin, l'autre de folle vigne, qui avec leur pointu toit de tuiles, leurs authentiques meurtrières, avaient l'aspect le plus pittoresque et le plus plaisant.

Une cour devant la maison, entre la poterne et le bâtiment de la cuisine, laissait le regard, par dessus le parapet de la douve et par delà le jardin, s'enfoncer infi- niment dans la vallée ; on l'eût dite étroite si les collines qui l'enclosaient eussent été plus hautes. Sur la droite, à flanc de coteau, une route menait à Cambremer et à Léaupartie, puis à la mer ; une de ces haies continues, qui dans ce pays bordent les prés, dérobait presque constamment cette route à la vue et faisait, réciproque- ment, que, de la route, La Roque n'était visible que par

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