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LE NÈGRE LÉONARD ET MAITRE JEAN MULLIN 715

Il me fallut accomplir un certain effort pour me dépla- cer dans le temps, tout en conservant des relations étroites entre la sensibilité de notre époque, le village de la Croix -Cochard, ma servante, moi-même et le diable tel qu'on le concevait vers l'an 1500 par exemple.

La vie n'est possible et surtout n'est compréhensible qu'à l'aide d'un procédé de transposition attribuant aux uns et aux autres, de même qu'aux choses dignes d'in- térêt, des sentiments et des réflexes inspirés par des êtres et des choses peu dignes de les accaparer.

Mon amour pour Katje me procurait une certaine quantité de sensibilité que je pouvais mettre au service d'un sujet plus émouvant que la belle rousse. Sentant le danger de me dépenser en pure perte dans des romans de psychologie amoureuse ou d'érotisme légal, je gardais cette force, dont Katje était la créatrice, pour m'en servir au besoin quand le sujet en vaudrait la peine.

Cette disposition m'amena à considérer le sabbat, le diable et son club, avec une certaine sympathie, en pro- fessionnel de l'aventure pour l'aventure, sans préoccu- pation du but à atteindre.

Je passai donc le restant de la nuit à mettre au point le satanisme appliqué aux exigences de la vie actuelle.

En regardant les choses de très près, cela ne me parut pas impossible ; car j'avais vu tourner des tables et je savais, qu'à l'aide d'une certaine exaltation de la pensée, les images composées par le cerveau des fous, par exemple, deviennent réalisables pour eux, mais pour eux seuls.

Un fou, de médiocre qualité, se croira aisément Napo-

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