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Page:NRF 14.djvu/723

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LE NÈGRE LÉONARD ET MAITRE JEAN MULLIN 717

comme j'essayais d'ordonner les éléments du mystère que ma maison protégeait.

Je me réveillai vers dix heures en pleine lumière. J'en- tendis Katje aller et venir dans la cuisine. Elle chantait et ce n'était pas la chanson du petit aveugle de Boppard, mais une mélodie populaire d'importation allemande, dans le genre de :

Âh qu'on est bien mad'moiselle Ah qu'on est bien près d'vous...

CHAPITRE IV

Dès ce jour, Katje devint pour moi un personnage important. Je ne lui fis pas comprendre en quoi cette importance m'impressionnait.

Je la jugeais comme une création bien venue, d'une imagination pervertie par de dangereuses lectures et la fantaisie élégante d'un artiste illettré.J'aurais tout donné pour que le père de Katje exerçât la profession de bourreau dans une grande ville d'Allemagne ornée d'une cathédrale gothique et d'un ghetto. Pour la couleur, bien entendu. Mais on ne peut tout obtenir. Je m'estimai déjà heureux de posséder, à ma dévotion, une belle fille, sorcière hebdomadairement, vicieuse comme une impu- bère et sachant cuisiner ainsi qu'une duègne.

Dans cet état d'esprit, la chasse devint mon salut et me permit de ne pas rompre l'équilibre entre l'imagina- tion et la réalité. Ce qui m'eût amené, de même que ma jolie rousse, à un séjour peut-être définitif dans une maison de santé.

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