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Page:NRF 14.djvu/812

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So6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

malgré cette agonie prolongée — jusqu'au ciel ! mais, Mildred, répondez-moi. Traversez d'abord cette chambre avec moi. Une fois encore. Maintenant, dites de sang- froid quelle est la part de moi-même où vous voyez du mépris (car vous avez dit mépris !) pour vous ! Je l'arracherai de moi et la jetterai au vent ! Mais non* non — vous ne le répéterez pas ? Le répèterez-vous, Mildred?

MiLDRED. — Cher Henry !

Mertoun. — J'étais à peine un enfant. Même à pré- sent, que suis-je d'autre ? Et vous étiez enfantine quand la première fois je vous rencontrai. Mais oui, vos che- veux tombaient de chaque côté- de votre visage ! Mes folles joues rougissent encore rien qu'à se rappeler comme elles brûlaient, ce matin où j'aperçus la réalité de tant de rêves. Vous savez, les adolescents aiment à rassembler tous les charmes sur l'être de leur choix. J'avais entendu parler de vous, rêvé de vous, et j'étais près de vous, je pouvais vous parler, je pouvais vivre et mourir vôtre 1 Qui le saurait ?... Je parlai 1 Oh ! Mil- dred, ne sentez-vous pas qu'aujourd'hui, tandis que je me rappelle chacun de vos regards, chacune de vos paroles, moi qui peux les peser et les éprouver dans la balance à diamants de la fierté, — le trésor du premier et dernier amour d'un cœur doit être évalué pour ce qu'il vaut — ne sentez-vous pas qu'aujourd'hui je ne pense qu'à votre pureté, à votre absolue ignorance du mal, du mal en vous et dans les autres, à votre ravisse- ment non dissimulé de petite fille devant la découverte de son pouvoir ? — (Je parle un langage absurde, mais interprétez, vous !)

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