UNE TACHE AU BLASON 8ll
Tresham. — Et rester ?
GÉRARD. — Une heure, deux heures...
Tresham. — • Et tu l'as vu... une fois ?... deux fois... ? dis vite.
Gérard. — Vingt fois.
Tresham. — Qu'est-ce qui t'amène donc dans cette avenue ?
Gérard. — La première fois que je fis ce détour pour suivre la piste d'un cerf étranger qui avait cassé lapalis- sade, je vis l'homme.
Tresham. — Tu n'envoies donc pas une bonne flèche de ton arc aux maraudeurs que tu rencontres ?
Gérard. — Mais, Monseigneur, la première fois que je le vis, une nuit de lune claire comme le jour, il venait de la chambre de Lady Mildred.
Tresham. — Tu n'as pas de raison... qui pourrait avoir une raison ? de vouloir nuire à ma sœur ?
Gérard. — Oh ! Monseigneur, laissez-moi au moins une fois, rien qu'une fois, dire ce que j'ai sur le cœur ! Depuis que j'ai été le témoin de tout ceci, je gémis comme si on m'attrapait dans un filet enflammé. Torture si je pense à elle, torture si je pense à vous, torture si je me jette à terre décidé à mourir sans avoir parlé !^Son- gez donc que notre dame n'avait pas sept ans quand on me la confia pour la conduire à travers le parc] aux daims, où je lui amenais un faon blanc comme la neige qu'elle caressait et qui mangeait du pain dans sa petite main. Jusquà il y a un mois je l'accompagnai ainsi... Elle avait toujours un sourire pour moi. Elle... Ah ! si cela pouvait détruire ce qui est, d'arracher un à un chaque membre de ce tronc... Tout cela est folie, indigne
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