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Page:NRF 14.djvu/881

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LE NÈGRE LÉONARD ET MAITRE JEAN MULLIN 875

Tout ceci constituait un cadre de choix pour des con- sidérations à la fois économiques et politiques dans le genre de celles qu'il est d'usage de formuler en pareilles circonstances.

Un matin que je me promenais dans la Grossebleiche en regardant les vitrines des marchands de cartes pos- ta4es, un officier de mes amis me proposa une prome- nade à Francfort, qui à cette époque se trouvait sous le contrôle d'une brigade de matelots râblés, décidés et corrects.

Le soir je m'installais au Gurlton, où je pris mon souper. Puis la vie nocturne de la ville m'attirant en dépit d'une certaine prudence je suivis une rue étince- lante jusqu'à je ne sais plus quel café chantant agrémenté d'un bar où Ton pouvait boire toute la nuit.

Je m'installai dans ce bar copié sur le modèle des bars américains, non pas devant le comptoir, mais dans un fauteuil devant une table minuscule sur laquelle le garçon déposa une bouteille de vin du Rhin.

Je bus un verre de ce vin froid. Le verre était élégant et témoignait d'un grand protocole dans l'art de servir le vin.

A mes côtés des hommes fumaient des cigares. Ils avaient les cheveux tondus ras, le crâne rose, des moustaches courtes. Des filles pour la plupart jolies buvaient le vin froid avec l'air raisonrrable et discret des femmes habituées aux dures disciplines du gymnase et de la vie familiale.

J'admirais vaguement la propreté du lieu sans pouvoir me libérer du malaise pesant sur mes épaules depuis mon entrée dans la ville des Empereurs et du Roemer.

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