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Page:NRF 14.djvu/899

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LE NÈGRE LÉONARD E-J* MAITRE JEAN MULLIN 895

jour le sabbat m'avait paru languissant et faible comme une maladie contagieuse qui perd sa force en raison même de sa diffusion. Le sabbat mourait de lui-même. Mais son principe, le mal }

Cette question me tourmenta. J'étais trop abruti pour la résoudre et je me complus à imaginer Léonard et Jean Mullin dans les nouvelles fonctions que l'avenir leur réservait.

Lorsque Katje m'apporta le thé je remarquai ses joues pâlies et ses yeux cernés d'ombre.

— Ça ne va pas, ma fille ?

— Je ne me sen&.pas bien, monsieur.

— Un peu pâlote. Tu as trop dansé avec Mathurin- Mathieu et le Grand Bouc abuse de ta complaisance.

Katje devint rouge comme une pivoine.

Elle posa vivement la tasse et la théière sur ma table et se sauva sans me répondre, en évitant de me montrer sa figure.

Le soir même nous partions vers le sabbat.

Peu de monde au bois Friquet. Je vis des faisans perchés dans les hautes branches d'un bouleau, mais la chasse était fermée. Katje nue attendait au carrefour. Elle toussait et croisait ses mains contre sa poitrine. Nous étions autour d'elle une demi-douzaine d'hommes, trois vieilles femmes et une jeune gardeuse de vaches dont la réputation était affreuse.

En échangeant des propos vulgaires sur la fraîcheur de l'air, avec cette fille nue dans notre groupe, nous étions semblables à des saltimbanques désœuvrés atten- dant l'heure de la parade.

La faible lumière de la corne du bouc éclaira la route

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