Page:NRF 14.djvu/909

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE NÈGRE LÉONARD ET MAITRE JEAN MULLIN 9O3

de la disparition du mal pourraient fournir les éléments d'un volume assez curieux.

Il n'est pas difficile d'en imaginer les chapitres. Je laisse à d'autres le soin de l'écrire.

Pour moi j'avais toujours pensé que la guerre et son cortège de dégoûts accessibles à tous devraient un jour apporter aux hommes un autre cataclysme inédit et d'une nature aussi peu scientifique que possible. Je ne fus donc pas très surpris des événements qui se succé- dèrent sous mes yeux.

En chassant dans le bois Friquet, je ne pouvais m'em- pêcher de sourire, souvent avec amertume, en songeant à ma belle fille morte.

Un matin le facteur m'apporta une lettre venant de Paris. Elle était du magistelle Jean MuUin. Je la lus avec curiosité.

L'ancien compagnon de Mélanpyge se rappelait à mon bon souvenir. Il était heureux de son sort, ayant trouvé une place lucrative dans un commerce d'épi- cerie. Quant au nègre Léonard, il dansait et sautait avec complaisance dans une compagnie de ballets russes. Il se vengeait chaque soir de son infortune en décollant Petrouchka sous les beaux yeux de sa coquine.

Dans la lettre il n'était pas question d'argent. Ayant déchiré le papier je me dirigeai vers l'écurie de Mélan-

pyge.

J'évitai avec discrétion de philosopher, même pourmoi^ sur son cas. Mais de ce jour, je pris le parti de le prêter aux cultivateurs désirant faire couvrir leurs chè- vres. Je prends trois francs cinquante par saillie, ce qui est une façon de parler. Le Grand Bouc n'a pas abandonné

�� �