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NOTES 915

Comme Antée la courbe maligne Puise, au contact des rectilignes. L'élan nouveau du nuancé.

Il est permis de penser que Mallarmé n'eût point détesté ce « point d'adorable tangence » et l'on conçoit encore mieux que M. Paul Valéry ait su gré à la muse de M. Fabre d'emprunter, dans ses plus heureux moments, le verbe brûlant de la Pythie :

L'ardente chair ronge sans cesse Les durs serments qu'elle a jurés...

��Le beau périple où tu m'entraînes Sinueux comme une toison.

��Ces vers et quelques autres de même trempe suffiraient à nous faire partager l'opinion favorable de M. Paul Valéry.

Ce dernier, dans l'avant-propos qu'il a écrit pour l'ou- vrage de M. Lucien Fabre, traite, avec la subtilité aiguë qui distingue ses moindres notes critiques, une question qu'il connaît profondément, celle de l'objet de la poésie pure, de ses moyens et de ses limites. Sur la nature du mouve- ment symboliste, sur le divorce de la philosophie et de la poésie, ces vingt pages de l'auteur de la Jeune Parque abondent en remarques précieuses, dont certaines offrent matière à discussion.

« Nous (les Symbolistes) étions nourris de musique, et « nos têtes littéraires ne rêvaient que de tirer du langage « presque les mêmes effets que les causes purement sonores « produisaient sur nos êtres nerveux. »

Il faut observer qu'il s'agit ici d'une certaine musique, celle de Wagner ou de ses disciples plus ou moins avoués, celle qui se propose de provoquer en nous une espèce

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