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NOTES ^31

d'hommes : un aventuner actif, le sujet, et un aventurier passif, l'écrivain.

Les nombreux récits de navigateurs prouvent nettement que les aventuriers actifs n'entendent rien à la chose et goû- tent assez peu les détails les plus rares de leur vie errante. Un soldat de la Légion ou de la Coloniale n'envisage le cadre de ses exploits qu'à la manière d'un comptable tâtant la sou- plesse de son rond-de-cuir. Un matelot, quand il n'est pas perverti par la littérature, ne considère la mer qu'à la façon d'un instrument de travail d'un maniement cependant mys- térieux.

L'aventurier passif, qui est l'écrivain, se doit d'expliquer ce mystère, d'en retenir les éléments décoratifs et l'inquiétude car l'inquiétude à elle seule est la clef du roman d'aventures. 11 se trouve, assez rarement d'ailleurs, que des hommes, grâce aux jeux du destin, participent de la nature de l'un et de l'autre. Nous eûmes chez nous Bernard Combette, com- parable à un Charles-Louis-Philippe ayant vécu dans un décor dangereux, la forêt équatoriale remplaçant les bureaux de l'Hôtel de Ville.

Joseph Conrad, Anglais d'origine polonaise, et qui fut long-courrier, se place en tète de cette série d'écrivains, modelés par une existence dure et farouche et dont le génie littéraire sut retenir les images pour faire un livre dur et farouche. Jack London appartenait à cette classe.

��Joseph Conrad, peu connu du grand public français a cepen- dant déjà été traduit dans notre langue. Nous pouvons lire : la Folie' Ahnayer, Typhon, le Nègre du Narcisse et VAgeiit secret, que j'aime moins. Stevenson influença ce livre comme il avait influencé le Nommé Jeudi de Chesterton.

Typhon est une œuvre admirable, remarquablement tra-

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